冬片 - Dong Pian et 阿里山 - A Li Shan
J’ai reçu environ 20 grammes de Dong Pian au mois de mars. J’avais hâte de le partager avec mes élèves, car j’étais sûre qu’ils n’avaient encore jamais expérimenté de ce genre de thé. Je l’ai donc proposé au groupe du mercredi, il y a quelques semaines déjà. Ce Dong Pian vient de M. Zhuang de Yu Chi à Taïwan, le cultivar est de Qing Xin Wulong (voir la photo).
En attendant que tout le monde arrive, j’ai commencé par préparer un thé vert, Que She (« la langue des moineaux ») avec Maxime. Ce thé n’est fait que de très jeunes bourgeons, d’où son nom, « la forme des bourgeons ». De très bonne qualité, on ressent l’attention et le soin apportés par la personne qui l’a fabriqué. La couleur de la liqueur est très claire, comme celle d’un thé blanc. Le goût est doux, frais et aéré. Je trouve qu’il manque de caractère, comme tous les thés de ce type.
Le deuxième thé proposé est le Dong Pian (冬片 : « la feuille d’hiver »). On n’obtient pas ce thé tous les ans : il faut que la météo soit douce en hiver, et au bon moment. En général, la production représente un tiers de la quantité habituelle. Les feuilles poussent très lentement à cause des basses températures, comparé aux thés hivernaux ou printaniers (respectivement fin novembre et fin avril). Le Dong Pian que j’ai a été cueilli fin janvier 2018.
C’est ma belle-sœur qui se l’est procuré. Elle me l’a fait déguster et je suis restée avec de grands yeux ronds : dès la première gorgée de la première tasse, mes papilles ont explosé comme le bouquet final d’un feu d’artifice. Ma belle-sœur n’a pas pu s’empêcher d’éclater de rire en voyant ma réaction. En observant les feuilles, j’ai su que c’est un Wulong mais il a à la fois des arômes frais et légèrement fleuris d’un thé vert mature, et des notes d’agrumes de certains thés rouges comme le Hong Yun. On dit que le thé Wulong est entre le thé vert et le thé rouge, et c’est au moment précis où la liqueur de ce Dong Pian a glissé dans ma gorge, que j’ai pu le confirmer avec certitude. Ce Dong Pian a un parfait équilibre entre thé vert et thé rouge et tout au long de la gustation. De la première à la neuvième infusion, la couleur de la liqueur et le goût restent fidèles et consistants.
Parce que les élèves ont trouvé que ce thé inconnu ressemblait à A Li Shan (阿里山, un thé de haute montagne), je le leur en ai proposé un venant de Taïwan afin de comparer. Ce n’est pas la première fois qu’on déguste un A Li Shan ; fidèle à lui-même, on retrouve tous ses arômes fleuris et sa note minérale particulière. Les Taïwanais ont d’ailleurs donné un nom à ce goût minéral : Gao Shan Qi, qui signifie « le caractère de la montagne ».
J’ai attendu la réaction des élèves après qu’ils ont bu la première infusion, mais personne n’a rien relevé de marquant… J’ai donc sans tarder proposé la deuxième infusion du Dong Pian, et j’ai vu dans leurs yeux qu’ils ont enfin compris : « Waouh, je n’ai pas senti cette note si particulière en première infusion ! ». Eh oui ! cette note si marquante de la fleur d’oranger…
Les feuilles du Dong Pian sont beaucoup plus petites que celles du même cultivar des saisons précédentes. Elles sont aussi plus épaisses. Après de multiples infusions, elles gardent toujours un aspect souple et vigoureux. Un des élèves a remarqué que ce thé ressemble à un thé de haute montagne ; il n’a pas tort, car le Dong Pian, comme les Gao Shan Cha, pousse lentement dû aux basses températures. Pour cette raison, le Dong Pian est généralement plus savoureux et plus consistant. Ce jour-là, après la fin du cours, j’ai pu continuer à infuser jusqu’à la neuvième théière.
Nous avons terminé la matinée avec un thé originaire de la région de Guang Dong, un Feng Huang Dan Cong Zhi Lan Xiang.
Dong Pian feuille sèche, couleur vert dense, lumineux et aspect huileux
Dong Pian feuille infusée
Couleur de la 6 ème infusion du Don Pian, la couleur ne change pas
Feuille sèche de Que She
Liqueur de Que She
Du haut vers le bas: Si Ji Chun, Jin Xuan, Dong Pian, feuille sèche
Du haut vers le bas, Que Shen, Dong Pian, ALi Shan, Dan Cong, feuille infusé
Du haut vers le bas, A Li Shan, Dong Pian, feuille infusé
De gauche à droite: A Li Shan, Dong Pian, liqueur
Du haut vers le bas, Que She, Don Pian
Du haut vers le bas, A Li Shan, Don Pian
feuille infusé de Feng Huang Dan Cong Zhi Lan Xiang
Marie Cécile
Le Dong Pian: en première infusion, j’ai senti une odeur d’asperge verte que je n’ai pas retrouvé au goût. la 1ere infusion était trop subtile pour moi, c’est à la 3éme qu’il m’a enveloppé le palet et activé les glandes salivaires plusieurs minutes encore après l’avoir bu. Nous l’avons dégusté en 6 infusions. Très bon.
Li shan
L’infusion est jaune claire et très limpide, avec un goût fleuri de thé de printemps riche en arômes fleuris. Longueur en bouche. Ce thé peut-être infusé 3 à 6 fois. Nous l’avons bu par une journée douce et ensoleillée et j’ai ressenti le vert du renouveau printanier.
Nelly
dégustation :”Le Tong Pian, ce thé que l’on peut récolter si l’hiver a été doux est assez particulier. Une fois infusé on observe une tige mature (elle n’a rien à voir avec les tiges tendres de printemps), une feuille mature dentelée et verte acidulée, et un tout petit bourgeon de 1-2 cm. A la 1e infusion, on découvre un thé très présent qui enveloppe la bouche. La 2e infusion a des accents de thé vert. La couleur de la liqueur reste d’un vert très dense au fil des infusions. Ce thé est très agréable et se nuance beaucoup lors des multiples infusions jusqu’à se livrer sans atour.”
Serge
Ce dimanche, avant de passer à la théorie, nous avons fait une nouvelle fois une dégustation de thé. Après avoir dégusté un thé vert chinois du Fujian, sans caractère particulier, Ya Lin nous a proposé de découvrir un de ses thés. Visuellement, ce thé en petites perles légèrement brillantes et par sa couleur, ressemble à un wulong de haute montagne aux dires de Maxime. Au goût, sans un arôme en particulier et à la couleur de la liqueur, il était difficile d’identifier ce breuvage. Mais à la seconde infusion, un goût différent du premier est apparu, comme par magie, avec des notes très marquées de fleurs d’oranger. Un goût très onctueux, plein en bouche, envahissait nos papilles, à tel point que Maxime et Jim pensaient que c’était un autre thé!. A la 3ieme infusion, une montée en puissance des arômes pour ma part. Et ce goût, après la 8ième infusion , était toujours là, certes un peu moins puissant, mais cette constance était une preuve que nous étions là sur un thé d’exception…c’était un wulong Dong Pian.
Afin de mieux apprécier toute la richesse de ce thé, nous avons dégusté en parallèle un Ali Shan, connu et apprécié pour ses qualités gustatives minérales pour certains ou florales pour d’autres ce qui nous a permis de jauger de la qualité exceptionnelle de ce thé …son prix élevé par ailleurs en est la preuve. C’était une nouvelle fois, une merveilleuse découverte que je n’aurais certainement pas pu faire sans Ya Lin qui nous emmène un peu plus encore ….sur le chemin du Thé.
Maxime
Nous avons bu trois thés lors de cette matinée. Un thé vert chinois Que She, un Dong Pian et un Dan Cong (zhi lan xiang). Le premier thé était le thé vert chinois Que She, composé de très beaux bourgeons homogènes, de couleur vert-jaune faisant penser à un Jun Shan Yin Zhen. En bouche pas de surprise, on a un thé très doux comme presque à chaque fois avec des thés composés uniquement de bourgeons. Des notes végétales légèrement fruits à coques dans mon souvenir. Un thé très léger (trop?) qui manque de caractère comme -une fois de plus- souvent avec les thés de bourgeons. Un thé de belle qualité cependant, qui sera sûrement agréable à boire lors de la prochaine canicule! Le deuxième thé était le Dong Pian. En tentant de trouver le thé dont il s’agissait je partait plutôt sur un Gao Shan Cha de type Ali Shan. On avait en effet des feuilles roulées en perles bien luisante typique d’un thé de haute montagne et de haute qualité! Toutefois la feuille semblait plus petite que ce que j’ai l’habitude de voir en Ali Shan. Mais on était bien loin des feuilles de Si Jí Chun, Tie Guan Yin ou Dong Ding (encore que pour celui là ce n’était pas si évident). En bouche sur la première infusion je n’étais pas forcément très emballé, un beau thé certes mais sans plus. Puis on l’a comparé à un bel Ali Shan cha, et c’est alors que le Dong Pian s’est révélé comme un thé dont on rarement l’occasion d’en boire, et ce de la deuxième infusion à la dernière. Un thé exceptionnellement parfumé, et de manière inhabituelle puisqu’on en a une note de tête fleur d’oranger extrêmement présente, de manière monolithique et identique à chaque infusion. Cette note ne cache cependant pas le font végétal qui semble supporter le tout. Le dernier thé était un Zhi Lan Xiang Dan Cong. C’est un thé que j’avais déjà bu plusieurs fois, et que je trouve tout autant exceptionnel. Des notes crèmes intenses, florales très présentes et même fruitées, qui se répète infusion après infusion. Pas du tout d’astringence pour un Dan Cong, ce qui à mon sens, signe un grand Dan Cong. Sur cette infusion je ne l’ai toutefois pas du tout trouvé à la hauteur, je mets en cause la quantité de feuille que j’ai mise, certainement trop faible. Morale de l’histoire: on n’économise pas sur un thé.
Jim
Aujourd’hui nous avons dégusté 4 Thés. Le premier était un Thé vert Que She. Liqueur vert pale, léger, végétal, printanier, une fin ronde en bouche. C’est la première fois que j’en bois, mais je sais qu’il vient de chine. Le deuxième, notre Lao Shi, nous avez demandé de deviner ce que c’était. Je l’observe, c’est un wulong en perle, fermentation faible, il est de Taiwan. Je le sens, perte de repères, une odeur de Darjeeling. C’est une petite plaisanterie de notre maître, je sais que j’en ai jamais bu. Je ne me prononce pas plus, je parle que quand je suis sure de moi. Je n’aime pas prendre de risque. Maxime le compare à un A Li Shan. Nous dégusterons donc les deux pour comparer. On commence par le Dong Pian, couleur de la liqueur vert jaune, lumineux, reflet d’or. En bouche un Darjeeling, douche froide, on s’observe. Personne ne comprends le caractère exceptionnel du Thé. Notre maître nous observe, voyant bien que nous somme dans l’incompréhension la plus total. Nous dégustons donc le A Li Shan, liqueur verte, lumineux, un goût fleuri, végétal, mon maître parle d’un goût minéral, que je ne ressent pas. On repasse au Dong Pian, paf une grosse claque ! Une révélation ! Ce thé est vraiment unique ! Un profond goût de fleur d’oranger imbibe mon palais, des notes végétales, de miel. Je pense au gâteau du sud ou je suis né, aux pâtisserie oriental. Mon ego en prend un coup ! Comment j’ai pu passé a côté de ça à la première dégustation !? C’est une prise de conscience, la sensation d’avoir fais en 1 seconde un énorme bon en avant. C’est un mélange de frustration, de joie, de regret, et d’envie de partager cette découverte ! Et d’aujourd’hui vous expliquer que ce fut un choc émotionnel bénéfique à mon évolution. Je ne vivais plus avec le Thé, j’étais a coté de mon chemin. Je n’était plus humble face à lui, trop sûre de moi. Parfois on crois comprendre des enseignements, mais tant que nous n’en faisons pas l’expérience, ce ne sont que des mots vide de sens. Comme une leçon que nous apprenons par cœur, sans en comprendre une seul phrase, et ça véritable logique. Je vous souhaite d’avoir un jours cette même révélation que ce sois dans le Thé ou dans n’importe quel chemin que vous avez choisis de suivre. Deuxième dégustation du A Li Shan, je ressent enfin le coté minéral en bouche. Dernier Thé un Dan Cong de Maxime, que j’ai déjà eu la chance de dégusté avec lui. Liqueur claire vert pale goût ample, de fruit à chaire blanc, et de fleurs, ronds en bouche. C’est l’un de mes Thés préférés, avec ceux de rocher, et le Red Jade. Conclusion personnel, continuer à vivre l’instant présent, d’apprendre de mes propres expériences sans me soucier du jugement des autres, de ne plus avoir peur du changement, de prendre soin de moi, d’être patient et constant dans ma voie personnel, car c’est le chemin d’une vie.